Chers lectrices, cher lecteurs, c’est un mois de septembre agité par le contexte politique instable et par des événements médiatiques importants qui prend fin. Vous avez sans doute pu vous sentir dépassés en voyant le flot d’informations qui ne cesse de s’écouler depuis la rentrée.
Prenons le temps ensemble d’analyser et de comprendre les tenants et aboutissants de l’actualité.
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Rubrique Politique
Comment écrire un article sur l’actualité sans mentionner la situation inédite dans laquelle se trouve l’exécutif français ? En effet, une fois Michel Barnier nommé par le Président de la République Emmanuel Macron le 5 septembre, il aura fallu attendre 16 jours pour que le nouveau Premier ministre désigne enfin son nouveau gouvernement.
De prime abord, la composition étonne : l’ensemble des 39 ministres forme un groupe qui semble orienté à droite, exceptions faites de quelques ministres, notamment celui de la Justice, Didier Migaud (ancien socialiste en retrait de la politique active). Beaucoup s’interrogent : le second tour des législatives en juillet dernier n’avait-il pas donné vainqueur le Nouveau Front Populaire, qui a par la suite obtenu 182 sièges à l’Assemblée ? Pourquoi diable le gouvernement actuel n’est-il pas représentatif de cette tendance ? S’insurgent les médias et les personnalités publiques qui parlent déjà d’un recul de la démocratie. Manon Aubry, députée européenne affiliée à la France Insoumise, déclarait sur France Inter samedi dernier : “Perdre les élections, c’est devenu le meilleur moyen de gouverner le pays”.
Tentons d’expliquer ce qu’il s’est produit. Le 21 septembre, Michel Barnier a nommé par décret un gouvernement, conformément à l’article 8 de la Constitution. Dans les faits, ce dernier énonce que “Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions.” Mais alors, la couleur politique du gouvernement nommé doit-il forcément découler de la majorité obtenue lors des législatives ? Le choix de M. Barnier est-il légal ? La plupart du temps, la composition du Gouvernement est orientée par les choix présidentiels. On remarque en effet que le parti d’E. Macron est bien représenté au sein des ministres nommés. Ce dernier n’a cependant qu’un pouvoir de nomination, il ne peut pas réellement proposer des candidats, puisqu’il s’agit d’une prérogative discrétionnaire du Premier Ministre. A quoi sert alors une majorité à l’Assemblée nationale ? Le gouvernement doit bénéficier de la confiance du Parlement pour gouverner, puisque ce dernier est responsable devant l’Assemblée Nationale (article 20 de la Constitution) du 4 octobre 1958). Si la majorité des députés lui est opposée, ils peuvent le renverser par le biais d’une motion de censure.
Voilà pourquoi M. Barnier et ses ministres retiennent leur souffle, puisque pèsent sur eux le risque d’être censuré par le parti majoritaire à l’Assemblée, qui n’a cependant aucune majorité, l’Assemblée étant divisée en 3 blocs apparemment inconciliables (NFP, RN, Ensemble). En résulte une situation politique complexe, inextricable où il devient compliqué de manœuvrer tout en gardant en tête l’intérêt général plutôt que des intérêts particuliers.
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Rubrique Société
Vous avez tous sûrement entendu parler de l’affaire Pélicot, dite affaire des viols de Mazan, actuellement en cours à la Cour criminelle du Vaucluse, qui retourne la France. Sans revenir sur des faits abominables dont vous avez tous eu vent, intéressons-nous plutôt sur la portée sociétale de cette affaire.
Cette histoire avait déjà un caractère extraordinaire du fait même qu’elle parvienne en Justice. Seulement 2% des personnes de 18 à 74 ans victimes de violences sexuelles hors cadre familial portent plainte auprès des forces de l’ordre. Cependant, en 2024, 84 000 victimes de violences sexuelles se sont signalées, soit une hausse de 11% par rapport à l’année dernière. Une légère hausse qui reste une goutte d’eau dans un océan.
→ https://www.vie-publique.fr/en-bref/293304-violences-sexuelles-envers-les-femmes-les-statistiques-pour-2023
Avant tout, cette affaire retrace la vie d’un couple heureux et sans histoire en apparence. Choquante par le fait qu’elle met en lumière les vices d’une cinquantaine de “messieurs tout le monde“, elle ébranle au travers de sa médiatisation, exposant au grand jour une femme brisée, traversant en ce moment même l’épreuve la plus difficile de sa vie. Il convient de ne pas oublier l’enjeu sous-jacent du procès : Avant de dénoncer ces “hommes”, soutenons la femme pour que plus jamais une telle horreur ne se reproduise.
→ https://www.noustoutes.org/manuel-action/chiffres-cles/
De ce procès macabre, retenons aussi l’image des fleurs offertes à Gisèle Pélicot sous les applaudissements du public à la sortie de l’audience de son mari, ainsi que celle des 10 000 personnes qui ont défilé dans les rues pour la soutenir le samedi 14 septembre.
Pour celles et ceux désireux d’entendre les versions des proches de la victime, nous vous recommandons chaudement le podcast de Transfert intitulé “Des années d’ignorance“.
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Rubrique Internationale
Ce 24 septembre, l’Etat d’Israël a bombardé un immeuble de la banlieue sud de Beyrouth, faisant 6 morts et 15 blessés : la veille, il avait visé « 1 600 cibles terroristes » et provoqué la mort de 558 personnes. Depuis la fin de la guerre entre Israël et le Liban en 2006, beaucoup d’Occidentaux croyaient que le calme était revenu pour de bon. L’attaque de l’état hébreu contre le Hezbollah, “le parti de Dieu” a radicalement changé la donne. Tentons de comprendre pourquoi.
La création du Hezbollah en 1982 fait suite à l’invasion israélienne du Liban afin de retrouver, sur leurs terres, les membres de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). Une milice islamiste chiite se forme alors pour chasser les occupants, à coup de guérilla, prises d’otages et d’attentats. Cette dernière continue de prospérer et devient un acteur principal de la guerre opposant le Liban et Israël en 2006. Est-ce alors le retour de la paix ? Impossible à dire car, même sans guerre les opposants directement, ces deux acteurs ont continué de prendre part aux conflits dans la région, notamment dans la guerre civile qui secoua la Syrie.
Le 7 octobre 2023, suite à l’attaque soudaine du Hamas sur Israël, le Hezbollah libanais se mobilise et soutient l’effort de guerre des Palestiniens. Fin décembre 2023, le Premier Ministre israélien, Benyamin Netanyahu, fait du retour des populations israéliennes évacuées une priorité et promet de “transformer Beyrouth et le Liban-Sud en Gaza”. Ainsi sont – facilement – justifiées les frappes sur le Liban, qui craint une invasion terrestre des Israéliens dans les prochaines semaines.
Mais cette affaire reste complexe à comprendre puisque d’autres acteurs moins attendus semblent être impliqués. Par exemple, des bipeurs talkies walkies ont été piégés et mis entre les mains des soldats chiites : leur explosion le 18 septembre a fait 39 morts et plus de 3 000 blessés. Peu de doutes planent quant à l’implication d’Israël, qui a utilisé un procédé sophistiqué consistant en la création de sociétés-écrans basée en Hongrie et en Norvège. Ce processus questionne donc la responsabilité indirecte de ces pays, et plus largement des autorités économiques qui auraient sans doute pu empêcher la création de ces sociétés.
🔗 Quelques articles de presse pour aller plus loin
→ https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20240925-frappes-sur-le-liban-40-ans-de-haine-et-d-affrontements-entre-isra%C3%ABl-et-le-hezbollah
→ https://www.lemonde.fr/pixels/article/2024/09/23/derriere-les-bipeurs-pieges-du-hezbollah-un-dedale-de-societes-ecrans-entre-la-hongrie-et-la-norvege_6330257_4408996.html
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Rubrique Innovation
Avez vous déjà eu peur de rentrer chez vous seul – ou seule – la nuit ? Si oui, la rubrique suivante risque de fortement attirer votre attention.
Connaissez-vous l’association The Sorority Fondation ? Il s’agit d’une société dont l’objectif est de lutter contre les violences conjugales, intra-familiales, contre le harcèlement et plus généralement contre toutes formes de violence auxquelles font face les femmes, les adolescentes et les personnes issues des minorités de genre. C’est dans cette optique qu’a été créée l’application THE SORORITY en 2020 par la Française Priscilla Routier-Trillard. Pensée comme une alarme anti-agression, il est possible de l’activer pour signaler que l’on se sent en danger dans la rue, le métro ou encore en rentrant de soirée. Visant aussi à lutter contre les violences conjugales et intra-familiales, l’application peut aussi être utilisée depuis chez soi.
L’alarme permet aux 50 femmes connectées les plus proches d’être mises au courant d’une situation potentiellement dangereuse. Sont alors communiquées les informations de l’utilisatrice, comme sa localisation ou ses coordonnées. Les femmes connectées ont la possibilité de prévenir la police ou de conseiller à la victime l’une des “safe places” renseignées dans l’application, afin que la femme en situation de danger puisse s’y réfugier.
C’est notamment grâce à cette application qu’a pu être retrouvé le corps de Philippine, étudiante de 19 ans à l’Université Paris-Dauphine, seulement deux heures après qu’un avis de recherche ait été publié sur l’application. En effet, alors même que la jeune fille ne possédait pas THE SORORITY, ses coordonnées GPS ont pu être retrouvé malgré tout, ce qui a permis aux personnes possédant l’appli de participer aux recherches.
Les retours sur cette application ont été plus que positifs ; notée à 4,9/5, et classée 4eme application dans la catégorie réseaux sociaux sur l’App Store, elle met (presque) tout le monde d’accords. Une utilisatrice témoigne : “Travaillant dans la restauration, je rentre à pied tous les soirs et tard. Depuis que j’ai découvert cette application, je l’ouvre avant de partir, regarde qui est dans le coin avec la map et potentiellement pourrait m’aider, je place précieusement mon téléphone dans ma poche et je marche. Je ne dis pas que je n’ai plus peur, mais je me sens moins seule et beaucoup plus rassurée.”
Nous ne pouvons que vous conseiller de télécharger THE SORORITY !
→ https://www.jointhesorority.com/
Sixtine Blanchard